Crobards & croquettes

Posté le mercredi 28 novembre 2001 à 17 h 08 min dans la catégorie « Croquis » par Bruno Bellamy.

C’était un peu expéditif la semaine dernière, alors pour la peine, la page d’aujourd’hui est particulièrement fournie… 🙂

Le côté « improvisation » de ce projet n’est que relatif… En effet, à part la toute première image, qui est destinée à devenir une pleine page (ce qui est souvent une bonne entrée en matière), la suite est bel et bien amenée à être constituée de « vraies » pages, rassemblant plusieurs cases. Avec la formule un peu loufoque d’improviser l’esquisse de la suite, semaine après semaine, on pourrait imaginer que, question mise en page, ça va être un peu n’importe quoi… 😉
Mais en réalité, pour chaque page je fais quand même une mini-esquisse, à peine plus grande qu’un timbre-poste, dans le coin d’une feuille :

mini crobards Ci-contre, quelques exemples, rassemblés dans un même format. En réalité, ils sont à l’origine sur des feuilles séparées, généralement dans un coin de la feuille sur laquelle je fais la première esquisse de la page. Ça me permet de visualiser un peu où je vais, en prévoyant très sommairement, pour arriver à une mise en page qui se tienne, et selon ce que je prévois de caser comme action dans cette page, quelles seront les tailles et surtout les proportions des cases les unes par rapport aux autres…
Eh oui, c’est que c’est aussi un sacré boulot de mise en page, la BD!

Pour dire à quel point c’est « sommaire », je laisse parfois vierge l’espace dans lequel je sais juste que la case sera grosso-modo horizontale. Donc ça reste quand même encore grandement de l’improvisation… 😉
Ici, on voit aussi que pour la page 3 (celle qui commence aujourd’hui!) j’ai noté des petits bouts de dialogue. Le dessin est tellement riquiqui (c’est vraiment tout petit! Ce que vous voyez ici est à peu près à taille réelle) que je note simplement un numéro dans les bulles, et le texte à côté avec le numéro en référence. L’intérêt de dessiner aussi petit ce « pré-projet », c’est que j’y passe le moins de temps possible. Si une première mise en page ne me convient pas, je recommence à côté, je ne prends même pas la peine de gommer. Ainsi, cette étape du travail n’a rien de « bloquant » (c’est essentiel, parce que c’est vraiment le point de départ!), et le but principal est atteint: avant tout, avancer!

Page 2 recomposéeIl est évident qu’après qu’une page soit entièrement crayonnée (et éventuellement « patchée », cf. les rustines de la semaine dernière, il faudra reprendre tous ces petits bouts pour recomposer l’esquisse de la page complète. Et là, merci l’informatique! 🙂
Comme tous ces éléments ont été scannés, je peux assez facilement les copier-coller et, bien sûr, les remettre à la bonne taille les uns par rapport aux autres. Là encore, les moyens mis en oeuvre ont essentiellement pour but de faciliter tout ce qui pourait, autrement, être « bloquant ». Donc par exemple pas question de redessiner une case sous prétexte qu’elle est trop grande par rapport aux autres, etc. Il y a des outils pour ça, autant s’en servir, et privilégier ce qui reste le moteur du projet: l’inspiration…
Croquettes…et voici enfin (ta-daaaaam!) la première case de la page 3: c’est l’heure du p’tit dèj pour la bestiole (qui est toujours dépourvue de nom, argh! Faut vraiment que je m’occupe de ça rapidement…).
La perspective est, encore une fois, pifométrique. C’est pas l’idéal, mais je suis assez flemmard en ce qui concerne les décors. ;b
On commence cependant à découvrir petit à petit à quoi ressemble l’appart de notre héroine… C’est aussi une méthode intéressante, dans le cadre de l’improvisation de l’histoire: j’aurais pu dessiner un plan d’ensemble de l’appart, ce serait une bonne façon de préparer la suite. Mais en fait, au fur et à mesure que j’avance les cases, il m’arrive de dessiner un petit bout de décor juste parce que ça fait joli dans ce coin là. Et puis du coup je me dis « tiens mais oui, ce serait pas bête qu’il y ait ça à cet endroit là, et il pourrait se passer ça, etc… ». Et donc des choses « futiles » (un bout de mur, un élément de mobilier) se mettent eux aussi à avoir leur vie propre, jusqu’à influer sur l’histoire. Un peu comme dans la vraie vie, quoi… :)Un détail technique: on commence à avoir de « vrais » dialogue… Et vous aurez peut-être remarqué que le texte est écrit sur des lignes parallèles assez rigoureuses. C’est qu’en BD, la lisibilité du texte est absolument primordiale! Un texte mal écrit ou mal disposé, c’est à coup sûr une « interférence » majeure, c’est à dire un défaut qui détourne l’attention du lecteur de ce qui est vraiment important: comprendre ce qui se passe dans la case, « lire » l’image dans son entier, et surtout sans accroc, sans problème.
RèglePour tracer ces lignes de base qui servent à placer le texte bien droit, j’utilise une de ces règles bizarroïdes dotées d’une sorte de cylindre qui permet de les déplacer sur l’axe perpendiculaire à celui sur lequel on trace, et ainsi de faire des lignes parallèles sans avoir besoin de prendre plein de mesures. Autrefois, je pensais que ça ne marchait pas, que le rouleau glissait et qu’il était donc impossible de s’en servir pour tracer des lignes vraiment parallèles. Et puis un jour j’ai vu Moebius se servir de ce machin, alors forcément je me suis dit mince, ça doit être vrai après tout, ce truc doit pouvoir servir… Et en fait oui, en la tenant d’une certaine manière (il faut appuyer un peu du côté où se trouve le rouleau, plutôt vers le milieu, mais surtout pas du côté « règle », ainsi on peut la déplacer sans que ça dérape…), c’est vraiment très très pratique pour tracer toutes ces petites lignes qui sont indispensables pour placer le texte dans les bulles.
Evidemment, je pourrais tout aussi bien taper le texte au clavier sur mon ordi, et l’intégrer dans l’image scannée avec une fonte vectorielle qui fasse un peu BD. Mais non. Je préfère le texte tracé à la main, et puis l’intégration de la bulle dans l’image est assez importante pour la composition générale, alors j’aime autant la prévoir dès le début.

Comme il commence à y avoir des dialogues, c’est aussi le moment de se demander si la bestiole est douée de parole! Et puis quand j’ai commencé à la crayonner, j’ai trouvé cette posture (qui semble dire « oh oui alors, chic chic chic! » :)) vraiment rigolote, et j’ai imaginé qu’elle pourrait tout à fait émettre des sons marrants, voire un peu articulés, sans pour autant être douée de la faculté d’utiliser le langage (peut-être comme une faible capacité d’imitation?), parce que je la voyais bien en train de dire « ouiche ». Donc j’ai converti ça en une onomatopée qui joue un peu sur l’ambiguïté bruit/langage, et donne un début d’idée du mode de communication, plus émotionnel que linguistique, qu’emploie ce drôle d’animal de compagnie…

Attention, ne ratez pas la mise à jour de la semaine prochaine (n’oubliez pas, c’est chaque mercredi, dans la journée): ça va devenir très chaud!!! Accessoirement, apparaîtra aussi un des indices qui nous méneront vers ce qui sera probablement le titre de l’histoire… 😉


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