La fusion froide et l'art de l'esquisse bien tempérée…

Posté le mercredi 5 décembre 2001 à 7 h 56 min dans la catégorie « Croquis » par Bruno Bellamy.

À la douche!

Je me suis dit, en réfléchissant à l’agenda peu ordinaire du projet en cours (ça avance par petites touches, chaque semaine), qu’on était là en présence d’un processus assez exotique, qui pourrait assez bien se définir comme une « improvisation lente », équivalent artistique de la « fusion froide », ou quelque chose comme ça…
Et puis après tout, si la comparaison est naze, tant pis, ça donnait un titre rigolo… 😉

C’est en tout cas un aspect fort intéressant que cet étirement du temps dans une phase qui, dans un processus de création plus classique, est couramment une période courte. Je veux parler du passage de l’esquisse à l’encrage, qui est pour le dessin de bande dessinée le passage de l’état éphémère à celui d’oeuvre « fixée ». Le trait est en effet, en bande dessinée plus particulièrement, la base de toute l’oeuvre, car il est garant de la « lisibilité » du dessin, et constitue le support et la limite de toute mise en couleurs (nonobstant, bien sûr, quelques cas particuliers, de plus en plus fréquents notamment dans l’école franco-belge, mais qui malgré tout restent toujours, plus ou moins directement, les héritiers du procédé classique, tant il est vrai que la lecture de BD est en soi un système de référence bien délimité).
L’une des difficultés dans la création artistique, c’est la nécessité de prendre du recul par rapport à son oeuvre. Sans excès, certes. Le souci de porter sur son propre travail un regard « objectif » en conduit certains à être bien trop exigeants avec eux-mêmes, et parfois à ne rien achever (ce qui est grave, pour le moral de l’artiste comme pour celui du public). Mais il en va des pages de BD comme des crêpes: la meilleure pâte est, et ceci est bien connu, celle qui a reposé.

Le bon « recul », tant il est vrai qu’il est bien difficile de regarder son propre dessin et d’y voir sans faillir les erreurs ou faiblesses qui crèvent les yeux à d’autres, n’est pas dans l’espace (le dessin de BD est souvent assez petit), mais dans le temps. C’est sur un dessin fait la veille ou, pourquoi pas, la semaine dernière, que l’on porte le regard le plus « frais ». C’est un peu comme toutes ces informations qui sont restées dans la mémoire cache de votre navigateur web favori: il faut vider le cache pour être sûr d’avoir une page réellement actualisée. Et rien de mieux, finalement, pour revoir avec un oeil neuf un dessin précédent, que d’avoir eu tout le temps de faire, entretemps, d’autres dessins, qui feront eux-mêmes d’ailleurs l’objet d’un ré-examen ultérieur, lorsque leur temps sera venu, et ainsi de suite…

Le système mis en place ici me permet, justement, de laisser « reposer » l’esquisse, et de la revoir ensuite avec avec du recul, et donc avec les meilleures conditions pour pouvoir, plus tard, le finaliser en étant plus à même de pouvoir rectifer ce qu’autrement j’aurais pu regretter…

Allez, cette semaine voici carrément trois nouvelles cases! La fin de la page 3 n’est donc plus très loin…
Si vous avez bien lu le commentaire de la semaine dernière, vous vous attendez à ce que je révèle un indice majeur sur ce qui sera le titre de l’histoire… Eh bien il sera question de douche, ainsi que le laisse penser la bulle de la case où l’on voit notre héroine commencer à se dévêtir…

Déshabillage hors cadre

Et là je vois la question cruciale se former dans votre tête: « mais, heuuuu… Ça veut dire que la semaine prochaine on va la voir, heu… « dans le simple appareil d’une beauté qu’on vient d’arracher au sommeil?! »
Eh eh, je ne dirai rien… 😉 😉 😉


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