Après la peau, c’est au tour des cheveux de bénéficier du traitement au crayon de couleur, la texture ainsi apportée leur correspondant aussi assez bien.
Puis vient la suprême touche finale : des rehauts à la gouache blanche (une gouache très opaque d’excellente qualité), notamment sur les reliefs des cheveux susceptibles d’accrocher la lumière, et quelques endroits très spécifiques comme les petits points de lumière dans les yeux.

Y’a plus qu’à signer, et… voilà. C’est fini. 🙂

Allez, on va laisser (momentanément) de côté les croquis coquins, pour que je vous parle d’art sérieux, un peu. 🙂

Le Comptoir du Dessin, haut lieu parisien de l’art et de la culture, ne se contente pas d’exposer des bellaminettes et les œuvres magistralement désopilantes de Gérard Mathieu !
Il s’apprête aussi, très bientôt, à offrir à vos regards admirateurs une très authentique exposition de peinture (si si, la vraie, celle qui tache et tout), en présentant des toiles d’un artiste particulièrement surprenant, Pascal-Em.
Ça se passera du 7 au 31 mars et ce sera, donc, au 32 rue de Liège, 75008 Paris (métro Liège, Europe ou St Lazare).
Pour plus de renseignements : 01 40 08 08 41 et, bien entendu, le site web du Comptoir.

Attention, ça devient sérieux, là : j’attaque la partie cruciale de la réalisation d’une authentique bellaminette, le modelé de la peau au crayon de couleur !
L’utilisation d’un crayon brun légèrement estompé dans les ombres (rehaussé d’un brun un peu plus rouge et foncé dans les zones d’ombre plus denses) contribue à l’effet « peau douce » évidemment indispensable.
Avant de m’occuper des ombres, j’ai par ailleurs éclairci les zones supposément les plus touchées par la lumière en appliquant un peu d’eau avec un pinceau propre, et en l’absorbant aussitôt avec un bout de papier ménage genre Solapin. Ça permet de créer des lumières assez douces, évidemment tout aussi indispensables, pour mettre avantageusement en valeur les volumes de cette cheeleader, que les ombres légèrement texturées.
On remarquera que le travail des ombres concerne aussi bien les ombres propres (celles qui apparaissent sur un volume à l’opposé des zones éclairées) que les ombres projetées (qui résultent de l’obstruction de la lumière par un autre volume), par exemple sur le bas du mollet gauche, où l’ombre est projetée par la jambe droite, sur le haut de la cuisse droite, où l’ombre est projetée par la jupe, et sous le menton.
Le travail des ombres portées est assez intéressant : certaines parties ont des bords nets, dus à la proximité du volume qui projette l’ombre, et qui deviennent progressivement floues si la distance varie (c’est ici typiquement le cas de l’ombre projetée par la minijupe : le bord de l’ombre qui devient progressivement flou ajoute une indication permettant de mieux percevoir les volumes en présence et leurs distances relatives). On peut aussi avoir des zones légèrement éclaircies à l’intérieur d’une ombre projetée, résultant de reflets de la lumière sur d’autres volumes, et on peut même jouer (avec modération) avec certains effets qui donnent une petite touche réaliste supplémentaire, comme le renforcement du contraste avec un crayon un peu plus foncé sur les bords nets de certaines ombres projetées, pour renforcer artificiellement un effet d’optique qui peut se produire entre deux zones de valeurs différentes et qu’on appelle bandes de Mach.
Le Côté Sombre du dessin recèle d’infinies possibilités… 😉

Toujours à l’aquarelle, j’applique maintenant la couleur sur les cheveux, et les détails du visage.
L’amateur averti aura peut-être remarqué qu’entretemps, avant de colorer en violet la petite étoile qui apparaît sur la joue gauche de la demoiselle, j’ai gommé le trait qui la détourait, qui me semblait trop nettement marqué pour ce qui n’est ici qu’un maquillage.

On continue l’aquarelle : maintenant que le costume est fait, j’applique la couleur qui servira de base à la peau de la bellaminette !
L’aspect en est encore rudimentaire, mais vous verrez que ça va évoluer par la suite… 🙂

Astuce essentielle : ça peut sembler évident à quiconque a déjà un peu pratiqué l’aquarelle, mais ça va mieux en le disant : toujours attendre qu’une zone de couleur ait bien séché avant d’appliquer la couleur sur une zone adjacente ! Sans ça, ça va déborder d’une zone sur l’autre, et ça va pas être joli du tout. Y compris si c’est la même couleur, puisque la zone précédente, ayant commencé à sécher, sera irrémédiablement altérée. Faut prendre son temps, c’est pas compliqué. 😉
Une bonne méthode peut être d’avoir plusieurs boulots en même temps (c’est perpétuellement mon cas) : pendant qu’une couleur sèche, on peut crayonner un autre dessin, par exemple… 🙂

La mise en couleurs se poursuit, mais c’est assez subtil, vu qu’il s’agit ici des parties blanches du costume. Le haut, la jupe, et les chaussures, se voient donc ombrées d’une nuance de gris bleuté.

Ça ne se voit pas beaucoup, mais c’est vrai que c’est très difficile de scanner correctement une aquarelle…
Je pense qu’on devine quand même les ajouts de gris par rapport à l’étape précédente sur le buste de la demoiselle, où les contrastes dus aux volumes sont assez prononcés. 😉

Grosse mise à jour du catalogue des originaux, avec une navigation plus pratique et plus claire, et plein de nouveaux dessins !

Notamment de petites esquisses pour les petits budgets, comme la diablotine ci-dessus, qui est l’un des croquis de recherche que j’avais faits pour la couverture du Sketchbook BB #2.

Si elle vous tente, n’attendez pas : c’est l’original, donc évidemment y’en a qu’une seule ! 😉

J’attaque maintenant la couleur du personnage, en commençant par le costume, qui est principalement violet, turquoise, et blanc.
Les ombres (c’est surtout visible sur les parties violettes) sont faites tout simplement en passant une deuxième couche. En aquarelle, on appelle ça des lavis. Comme la couleur est transparente, si on passe une deuxième couche par-dessus la première, après que celle-ci ait eut le temps de bien sécher, elle apparaîtra plus foncée.
J’essaye cependant, dès la première couche, de diluer un peu la couleur avec de l’eau dans les zones qui doivent être les plus claires, voire presque blanches, c’est à dire celles qui sont exposées à la lumière.
Sur ce dessin, la couleur vient d’en haut à gauche, et il faut donc éclaircir les zones correspondant aux parties éclairées des volumes.
En couleur, au moins au temps qu’en dessin, il faut penser en volume ce qui est représenté…

Maintenant que le dessin est reporté sur le papier définitif, j’attaque la couleur…

Je commence par une espèce de halo bleu qui constituera tout l’arrière-plan, et qui est, en fait, surtout destiné à faire apparaître les ailes d’ange. Pour les rendre un peu irréelles et magiques, l’astuce consiste à les faire en blanc.
Là, la couleur étant faite à l’aquarelle, l’idéal c’est que le blanc soit celui du papier. Pour ce faire, j’ai tracé au drawing gum (de la gomme liquide -du latex dilué, en fait- qui sert à masquer des zones qu’on veut protéger temporairement de la couleur) le trait des ailes, avec un petit pinceau. Pour m’aider dans ce tracé, j’ai évidemment profité de mon crayonné, encore une fois par transparence grâce à la table lumineuse…
J’ai ensuite appliqué ma couleur après avoir mouillé largement le papier (en évitant soigneusement de mettre de l’eau sur la bellaminette, donc ça demande quand même un peu de précision), de façon à ce que le bleu se diffuse comme il faut, c’est à dire de façon un peu nuageuse.
Il faut faire attention, parce que mouiller autant le papier a tendance à le gondoler, ce qui risque de provoquer l’accumulation de la couleur dans les creux.
Une fois que ce fond est bien sec, je retire le drawing gum à l’aide d’une gomme crêpe, ce qui révèle le blanc et fait donc apparaître les petites ailes lumineuses… 🙂

Bon, celle-là, vous l’aviez déjà vue, à un petit détail près : sur la version ci-dessus, le bord extérieur du visage a été corrigé, je le trouvais un petit peu large. Ça fait une différence de deux millimètres sur l’original, donc c’est sans doute pas très flagrant sur cette réduction (pour info, le format final est un A5, soit 15 X 21cm). 😉

Cette étape est celle du trait définitif. Je suis parti d’une impression en noir, un peu contrastée, du crayonné rectifié exposé hier, que j’ai reprise à la table lumineuse, à la mine HB, sur du bon papier à dessin.
On ne peut pas faire ça avec n’importe quel papier : là, je prévois une mise en couleurs à l’aquarelle, donc il faut une certaine qualité, et une bonne épaisseur, mais en même temps il n’est guère possible de reporter le dessin par transparence avec la table lumineuse sur un papier trop épais. Là c’est du 250g, et à mon avis c’est la limite. Avec du papier de 300g/m2, c’est trop opaque pour retracer avec précision.

Les petites ailes d’ange n’apparaissent plus, mais il y a une bonne raison à cela, que vous découvrirez…
…lors du prochain épisode ! 😉