Divan mauve
Posté le mardi 10 mars 2009 à 10 h 05 min dans la catégorie « Couleur, Croquis, Humeur » par Bruno Bellamy.
Petit essai de couleur sur un croquis récent… étonnant comme l’apport d’une ambiance colorée donne (c’est le cas de le dire) une tonalité spécifique, comme pour faire part de l’humeur du personnage, de son état intérieur.
Aurait-elle paru plus (ou moins) nerveuse, inquiète, distante, nostalgique, rassurée, attentive, ou au contraire rêveuse, avec une autre gamme de teintes ?
Que dit le dessin, que raconte la couleur, jusqu’à quel point le trait suffit-il, et la couleur peut-elle nourrir le propos, ou faire mentir le trait ?
La couleur ? Je trouve qu’elle rend plus vivante la forme. Mais en disant ça, je ne réponds pas à la question du choix d’une couleur. Purement subjectif je tente une participation à la réponse : quand tu mets du bleu, surtout comme ici, (un filtre général), ça me fait penser à une appréhension intellectuelle, quelque chose de retenu,de conceptuel, qui me semble correspondre aussi au fait que tu poses des questions.
mardi 10 mars 2009 à 12 h 14 minOn pourrait y voir aussi un écran de pudeur face à des modèles qui deviennent de plus en plus réels.
Je ressens que cette pudeur, cette délicatesse, font également la force de ton dessin en général et je ne peux m’empêcher de faire un rapprochement vers les questions que tu posais sur la violence, sur l’animal-qui-doit-être-très-méchant et dont l’illustration dans un post précédent (contribution de je ne sais plus quel dessinateur) te laissait rêveur, voire envieux.
C’est vrai qu’il y avait du rouge, du orange, du jaune et une forme particulière à cet animal.
Toi, tu donnes à tes dessins une forme d’innocence qui est leur force. C’est une belle inscription dans une longue tradition, que tu enrichis.
je suis persuadé que, à dessin égal, l’ambiance – mais peut-être pas la bellaminette – dirait autre chose.
Imagine-la en rouge !!
Ca me parle aussi des états d’âme que nous traversons les uns après les autres : notre forme ne change peut-être pas beaucoup (à part la crispation ou la détente du visage et le raidissement ou le relâchement de la posture) mais ce que nous émettons vis à vis de l’extérieur change et les interlocuteurs le ressentent.
On passe par toutes les couleurs !
Merci Bertrand, pour cette contribution, dont la pertinence n’a d’égale que l’élégance… 🙂
vendredi 13 mars 2009 à 8 h 09 minComme quoi, c’est bien vrai, fond et forme sont profitablement complémentaires…
Une toute petite petite petite remarque:
dimanche 15 mars 2009 à 15 h 20 minje trouve qu’avec la qualité de ce dessin et de sa colorisation, les petites hachures que tu as utisé pour ombrer sous le menton et sur la cuisse sont parfaitement inutiles, puisque le dessin est suffisament réaliste pour s’en passer.Mais ce n’est qu’une remarque sans importance.
je poursuis la réflexion autour de la couleur et de la forme :
– je ne sais pas tenir un crayon, donc je ne dessine pas mais je suis musicien. Il me semble qu’il pourrait y avoir un rapport entre la forme du dessin et la mélodie ; de la même façon qu’on pourrait établir un rapport entre la couleur et l’harmonie.
– Il y a une véritable métamorphose qui s’opère lorsque, par la couleur et le trait, le corps – le vrai, le physique, la peau – peint par l’artiste, prend une autre dimension.
En tout cas, le site : https://www.jeanpaulbourdier.com (et en particulier la rubrique « photographie ») m’a profondément ému.
je ne sais pas ce que pourraient donner tes modèles, peintes de la sorte.
Est-ce une illusion d’ignorant de penser que cela peut enrichir fortement la réflexion sur forme / couleur, quand il s’agit de la représentation des corps ?
A voir !
mercredi 18 mars 2009 à 10 h 27 min@Bertrand : évidemment, il y a un parallèlisme entre dessin ou peinture et musique. Tous les deux servent à évoquer ces choses pour lesquelles les mots sont inappropriés. Pour dire l’indicible, il y a l’art, et c’est tout le propos de la petite BD qui introduisait ce croquis dans le post précédent…
Le trait c’est la structure, comme la mélodie. Je ne sais pas si on peut comparer la couleur à l’harmonie, mais on peut certainement constater qu’on emploie, en peinture comme en musique, le terme « tonalité », ce n’est pas pour rien. 😉
La métamorphose du réel au travers de la représentation artistique : oui, bien sûr, car le dessin est à la fois « moins » (2D, immobilité, symbolisation) que le réel, et « plus » (expressivité, subjectivité). Le dessin n’est pas documentaliste, il ne s’inspire du réel que pour exprimer et, peut-être, communiquer quelque chose qui est de l’ordre de l’émotion, et dont la représentation n’est qu’un support.
Tout cela ne fait que renforcer l’opposition flagrante entre l’utilitaire (les aspects fonctionnels des moyens mis en oeuvre dans le monde concret) et l’imaginaire (individuel, ou ce qui est rendu public par le biais de l’art), ce dernier étant réputé « futile » ou « accessoire » et étant en fait absolument nécessaire, mais difficile à présenter comme tel, car il ne repose pas sur le langage, la logique, ou le domaine du quantifiable. Pourtant, et là encore ça fait partie des choses que j’essayais d’évoquer dans « critique de la raison pure », l’art est une nourriture pour l’esprit et les émotions tout aussi nécessaire que l’air et l’eau pour le corps.
jeudi 19 mars 2009 à 10 h 30 mince commentaire n’a pas de rapport avc le dessin (superbe comme les autres soi-dit en passant)mais est-ce que les barres « work in progress » du tome 2 de showergate sont un fond d’écran? parce qu’elles bougent a peine! c’est horrible, moi qui attend la suite avec tant d’impatience je suis au supplice! et la torture est interdite en France^^
jeudi 19 mars 2009 à 21 h 39 minSi on parle d’harmonie des sphères, on parle aussi d’harmonie des couleurs !!
Le dessin en 2D… à quand les hologrammes ?
Plus proche et réaliste,veux tu travailler sur une « installation » des dessins de tes modèles avec musique en 3D ? La musique : pont vers la 3° dimension du dessin ! Beau travail pour un festival à venir.
les émotions nécessaires pour le corps. Oui, mais est-ce que tu ne trouves pas que c’est aussi le corps qui les produit (on sent d’où elles viennent, non ?)
lundi 23 mars 2009 à 16 h 48 minA moins qu’il ne soit que traversé par elles. Et alors où en est la source ?
Décidément, le titre de ta mini BD, tout kantien qu’il soit, était réellement philosophique et très actuel.
Voilà plus de 18 mois que ces commentaires ont été postés, mais comme je n’ai (re-)découvert ce site que récemment, j’ai bien du retard à rattraper, d’autant que je lis tout ou presque (et le script de la BD précédente en particulier), y compris les commentaires…
Tes remarques en réponses au message de Bertrand m’ont surprises, parce qu’elles semblent sous-entendre que les mots ne permettent pas de créer l’expression artistique : qu’en est-il de la poésie, de la littérature… ? Le langage ne peut-il vraiment pas « dire l’indicible », et transmettre l’émotion que provoque la beauté, la douceur, l’innocence, la malice, la fraîcheur de tes Bellaminettes, et de celle du divan mauve en particulier, et les émotions qui peuvent naître face à tout cela. Si j’avais un peu de courage, je me mettrais à la rédaction d’un poème illico !
Je suppose cependant que tu (vous, je dois probablement inclure Bertrand) ne fais allusion qu’au langage basique, factuel et quotidien qui nous entoure, et qui, de plus, est si souvent maltraité – ce que tu ne fais jamais, chose qui renforce ma conviction que ce dont je t’accuse (presque) ici n’est pas fondé.
Trêve de bavardages : bravo et merci pour tes dessins (en général, et tes Bellaminettes en particulier), pour ce site, et pour les sujets que tu abordes régulièrement, aussi divers qu’intéressants – et que tes liens permettent souvent d’approfondir.
Amiclement, Bruno
PS : et merci à Bertrand pour le lien vers le site de Jean-Paul Bourdier : ce qu’il fait est en effet très étonnant et très réussi.
mercredi 6 octobre 2010 à 21 h 20 minPPS : Bonne fête !!
mercredi 6 octobre 2010 à 21 h 20 min