Intertextualité : geekeries

En marge (ou en plus) des références littéraires, mythologiques, etc, qui ont le mérite de véhiculer du sens, il y a aussi dans Showergate de purs clins d'œil un petit peu "gratuits", et qu'on pourra généralement ranger sans peine dans la culture "geek". Je pense que vous comprendrez pourquoi en les identifiant ci-dessous, si vous ne l'avez pas déjà fait. ;)

Le premier de ces clins d'œil n'est peut-être pas vraiment évident à repérer, il faut avouer que les indices étaient maigres :
je m'étais amusé à prendre comme contrainte de départ que dans chaque tome (il n'y en a eu qu'un et demi, d'une certaine façon, mais enfin l'intention y était...), la toute première bulle de la toute première case de la toute première page serait une citation d'un certain film de SF cher à mon cœur...

Bon, ne me dites pas que vous n'avez pas deviné ?
Dans le tome 1, le tout premier texte est "y'a pas de cuillère !" et dans le tome 2 c'est "prenez un cookie !".

Hum... Bon, pour ceux qui donnent leur langue au chat (mais je serais vous, j'aurais honte), il s'agit évidemment de deux répliques célèbres du film Matrix. L'astuce, ici, était bien sûr de les employer dans un contexte radicalement différent.
À ma décharge, ces hommages au film des frères Wachowski ne sont pas totalement hors-sujet dans Showergate, puisque ma BD traitait quand même assez clairement, au travers du thème des mondes parallèles, de la perception de la réalité...

Peu après (page 4 du tome 1), apparaît un autre hommage à une œuvre que j'aime beaucoup, mais là, franchement, si quelqu'un l'a repéré, chapeau, parce que c'est vraiment minuscule, et que ça suppose en plus de pouvoir lire un peu de japonais, ce qui n'est pas forcément évident pour tout le monde : dans la grande case 4 horizontale, on voit posé sur une table, au premier plan, un flacon de ce qui, pour info, est supposé être de la sauce de soja (après tout rien de plus normal, dans un restaurant de spécialités japonaises).

L'astuce, c'est que l'étiquette du flacon, inspirée de celle d'une marque mondialement célèbre de sauce de soja, Kikkoman, est ici carrément (et sans vergogne) détournée pour faire un petit clin d'œil amical aux robots intelligents arachnoïdes, les Tachikoma, issus du manga de Masamune Shirow "Ghost in the Shell", et des animes qui en ont été tirés. Je me suis en effet permis de parodier le logo et l'étiquette pour y incorporer une silhouette de Tachikoma et, surtout, de rebaptiser cette sauce de soja du nom "Tachikoman", écrit ici en japonais, pour faire plus vrai. ;)

Pendant qu'on est dans les références nippones, outre la spécialité du restaurant que tient Ludivine dans l'histoire (on peut lire ci-contre à gauche, en japonais mais à l'envers, le mot "udon" -nouilles de blé assez larges qu'on mange le plus souvent dans un bouillon à base de poisson- inscrit sur un noren -petit rideau placé en haut des portes, très fréquent à l'entrée des restaurants au Japon-), je présume que tous les lecteurs fans d'anime auront, évidemment, reconnu la peluche Totoro dans la chambre de Ludivine, dans la première case de la page 6. ;)





Dans une catégorie un peu plus intello, mais toujours dans la série "ceux qui l'ont repéré sont vraiment balèzes, parce que c'est super minuscule", page 45, case 3, juste à côté de l'ordinateur-vidéophone-cybermachintruc de Ludivine, sur la table de salon, se trouve un livre assez spécial...

Il s'agit en fait de "Gœdel, Escher, Bach, les Brins d'une Guirlande Éternelle", de Douglas Hofstadter, avec la jaquette de l'édition originale en version française (excellente traduction, d'ailleurs).



Toujours plus ou moins dans la même veine (les fans de Douglas Hofstadter sont souvent également des fans de Douglas Adams, et réciproquement), le geek authentique n'aura pas manqué (et là, quand même, il n'aura pas grand mérite) de repérer page 12, case 4, que le réveil affiche "00:42".

C'est bien sûr une référence, presque grossière dans sa simplicité, au très célèbre "42" constituant, dans "le Guide du routard galactique" la fameuse réponse à la question de la vie, de l'Univers, et du reste...



Mais aura-t-il remarqué, ce même geek, qu'en page 45, à la case 5, le même réveil (oui bon, en fait il n'est pas dessiné pareil, et la première version n'affichait pas les secondes, ben tant pis, on dira quand même que c'est le même réveil), brandi par Skouich, qui tient à signifier par là à Ludivine qu'elle est en retard pour aller ouvrir son restaurant, affiche une heure dont la lecture vous permettra de savoir à quelle catégories de geek il appartient ?
Car, eh oui, tous les vrais geeks le savent, il existe essentiellement 10 catégories de gens : il y a ceux qui savent lire le binaire, et... les autres. ;)
Vous l'aurez peut-être enfin compris : l'heure affichée, 10:10:10, est aussi la traduction en binaire du toujours incontournable "42" !

Terminons sur une note classique, pour les geeks mélomanes (bon, OK, mettons que je ne savais pas où classer cette référence) : page 36, Ershkee-Gale fait appel à ses trois molosses préférés pour retrouver la piste de Ludivine. Le fin connaisseur aura évidemment identifié les célèbres compositeurs qui ont inspiré les noms de ces monstres baveux.

Il s'agissait évidemment de Wolfgang Amadeus Mozart, Richard Wagner, et Guiseppe Verdi...