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Barnier

Inspirations :

Jean Giraud
alias
MŒBIUS

Archer
Arzach
 S'il y a un auteur par excellence qui m'a influencé, c'est bien lui !
Et pas qu'un peu : c'est lui qui m'a donné envie de faire de la bande dessinée...




...Il était donc indispensable que je lui consacre une page de mon site ! Seulement voilà : qu'y dire ? Cosmoebius Comment rendre hommage de juste manière à celui grâce à qui -quand bien même ceci s'est fait sans aucune préméditation de sa part, évidemment- j'ai pu commencer à trouver ma voie ?...


Atan & Stel J'ai bien pensé, au début, à une bio, voire bibliographie qui aurait permis à ceux qui ne connaissaient pas encore ses travaux (il paraît qu'il y en a !) de les découvrir, mais après tout, bien des sites de fans ou consacrés à la BD en général, se sont déjà chargés de cette tâche, et mieux que je n'aurais su le faire...


Me répandre en louanges sur son œuvre et sa démarche artistique aurait été un peu stérile, et qui plus est un peu hypocrite, car après tout je ne suis pas non plus inconditionnel de TOUT ce qu'il a fait, et une page de pur déballage d'admiration n'aurait sans aucun doute pas présenté le moindre intérêt, ni pour les visiteurs de cette page ni pour celui à qui elle est dédiée: Jean Giraud, alias Gir, alias Mœbius, qui doit -j'imagine- avoir déjà eu largement sa dose de félicitations et de gratitude, pour attendre sans doute quelque chose d'un peu plus original... Internel Transfert


...et puis j'ai eu un déclic !


Sitting man Je me suis souvenu d'un épisode de ma vie qui a eu pour moi une certaine importance, qui était tout particulièrement lié à Mœbius, et qui présentait une caractéristique non négligeable qui justifiait qu'il fût relaté ici même : cette petite histoire, qui parle de Mœbius et qui semblait attendre d'être racontée dans la page que j'ai créée pour lui, en plus d'être insolite et de sembler ouvrir une fenêtre imprévue entre le rêve et la réalité, un peu à la manière des histoires de Mœbius, est une histoire de boucle, comme ce ruban qui se retourne sur lui-même pour, des deux faces, n'en faire plus qu'une...


Il y a belle lurette -j'avais alors 15 ans-, outre le temps que je passais à dessiner (j'avais déjà chopé le virus depuis longtemps !), j'occupais mon temps libre à confectionner des maquettes science-fictionnesques et délirantes, en mixant des fragments de modèles réduits en plastique d'avions, de chars d'assaut, de voitures, et de toutes sortes d'engins... Alice Je créais ainsi divers vaisseaux spatiaux et véhicules futuristes, totalement imaginaires ou inspirés des oeuvres du genre dont j'étais particulièrement friand (c'était l'époque de La Guerre des Étoiles et de Blade Runner...).


Mais un jour, j'en ai eu assez des créations erratiques.


Internel Transfert J'ai décidé d'entreprendre quelque chose de plus pensé, de plus élaboré... J'ai donc commencé à tracer des plans, à rassembler et classer toutes sortes de pièces, et à imaginer une maquette beaucoup plus sophistiquée que les autres. Mon but était de faire la maquette d'une machine à voyager dans le temps !


En plus de stoquer les bouts de maquettes, les morceaux d'emballage plastique, les réflecteurs d'ampoules de flash et les débris d'appareils électroniques déglingués, j'avais mené des recherches sur le sujet pour assurer la crédibilité de mon engin : je m'étais documenté sur l'utilisation des champs magnétiques, sur les phénomènes aux vitesses voisines de celle de la lumière, sur le fonctionnement des accélérateurs de particules et le comportement des quarks... Bouquin
Nemo Vint le moment où, une fois le projet mis au point, je me suis dit qu'une telle réalisation méritait un décor à sa mesure... Il fallait donc réfléchir à une mise en scène, à un environnement. Situer le véhicule dans un épisode clairement reconnaissable du passé de la Terre pouvait être assez parlant, mais vraiment pas original. Figurer un environnement futur permettait davantage de fantaisie, mais me semblait encore un peu trop "premier degré".
Non, il fallait quelque chose de vraiment significatif du voyage dans le temps. Il fallait représenter l'engin au cours de son trajet dans le non-espace hors du continuum connu, "quelque part" en marge du temps... Il fallait montrer l'intemporel ! Profil
Pif Paf Mais là, évidemment, problème : à quoi ça ressemble, ce trucmuche ?
Quelques mois plus tôt, je venais de découvrir, avec surprise et ravissement, que la bande dessinée pouvait être autre chose qu'Astérix ou Achille Talon... J'avais lu des BD de Mœbius ! Wow ! Le choc... Déjà, là, je m'étais dit : "mais alors, si la BD ça peut être ça, peut-être que moi aussi, quand je serai grand, je pourrais, heu..." etc, etc... Oasis Alors évidemment, en matière de créativité et d'imaginaire, ma référence était assez nettement mœbiusienne ! Très logiquement, donc, je me suis dit : si je n'arrive pas à imaginer à quoi peut bien ressembler l'intemporel, Mœbius, lui, il saura, forcément... Et donc, illico, j'ai fait des photocopies des plans de mon engin, expliqué poliment et épistolairement mon problème à l'intention du Maître, et expédié le tout par la poste, aux bons soins de son éditeur.


...un mois passa.

Elf Et puis, alors que je n'y croyais plus (c'est vrai qu'il doit recevoir un max de courrier...), surprise : une lettre de Mœbius ! Wouah eh, sans blague, j'y crois pas ?!
Bon, la lettre n'apportait pas vraiment de réponse à ma question, et il était bien trop occupé pour passer du temps à me dessiner une vue en couleurs de l'intemporel dans toute sa splendeur, mais quand même, c'était déjà fabuleux d'avoir une lettre d'un artiste que j'admirais autant, et en plus ce qu'il me disait était drôlement sympa, parce que visiblement ma recherche lui avait plu et qu'il m'encourageait à persévérer...
J'étais sur un petit nuage !... Nuage


Tempete ...dont, petit à petit, le temps passant, je suis redescendu, pour affronter les rigueurs de la vie : les galères du lycée, l'adolescence qui n'en finit pas de ne pas se terminer, l'angoisse de louper le bac, les espoirs déçus à ne plus savoir qu'en faire, les études dites "supérieures" qui n'apprennent rien, les filles, avec lesquelles on apprend surtout dans la douleur, les problèmes de boulot, les erreurs qu'il faut bien assumer, la malhonnêteté qu'il faut bien supporter... Bien des choses, en somme, face auxquelles mes espoirs d'ado pouvaient difficilement survivre. Ma merveilleuse machine à explorer le temps était restée en pièces détachées, et prenait la poussière dans un grenier. Pour tout dire, je l'avais complètement oubliée... Mes rêves d'aventure fantastique semblaient bien s'être évanouis.


Progressivement, mon parcours sembla reprendre un sens : après quelques années de travail passionnant mais éprouvant dans l'illustration de presse, ma collaboration avec Marc Bati me permettait enfin de pouvoir réaliser mon rêve le plus cher : faire enfin de la bande dessinée ! Le synopsis des "5 mondes de Sylfeline", mon premier album, était bouclé, et les cinq premières planches étaient dessinées et mises en couleurs. Rendez-vous était pris chez l'éditeur, que l'on devait rencontrer en fin d'après-midi. Seulement voilà : Bati m'avait réservé une surprise... Nausicaa


Avant de se rendre chez l'éditeur, nous avons fait un petit détour. Marc m'emmenait montrer nos pages, au préalable, à... Mœbius ! J'étais drôlement intimidé, mais sacrément content, et surtout...

Tilt !...

D'un seul coup, ça m'est revenu : je me suis souvenu de ma machine à voyager dans le temps... Bon sang, c'était il y a un bail ! C'était, heu... Je pouvais retrouver l'année (je venais de finir ma classe de troisième), et même le mois et le jour, puisque je me souvenais très bien que c'était le soir du dernier jour de l'année scolaire que j'avais écrit ma lettre à Mœbius pour lui expliquer mon problème au sujet de l'intemporel. Mais... Incroyable ! C'était EXACTEMENT DIX ANS PLUS TÔT, jour pour jour !... Vaisseau


Évidemment, quand nous nous sommes rencontrés, cet après-midi là, je n'ai pas pu résister à l'envie de lui raconter mon histoire... Eh bien lui aussi, il se souvenait de ma lettre d'il y avait dix ans ! Et nous voilà partis, au lieu de discuter bien sagement dessin et B.D, à parler de l'intemporel et de la destinée, et à poursuivre une conversation entamée une décennie plus tôt, exactement comme si nous ne nous étions interrompus que dix minutes avant...

Et là, j'ai vraiment eu l'impression qu'il s'était passé quelque chose de magique... Ça m'a fait penser au roman de H.G. Wells, quand le créateur de la machine à explorer le temps veut convaincre ses collègues incrédules que son prototype fonctionne. Abyss Il en a réalisé un modèle réduit, qu'il met en marche devant eux... l'engin disparaît et, bien entendu, tous croient à un tour de passe-passe, alors que l'appareil a bien disparu hors du temps, pour réapparaître plus tard, à un rendez-vous fixé.


Fee Eh bien tout s'était passé comme si ma machine à voyager dans le temps avait vraiment marché ! Il semblait que, à ce moment là, je reprenais réellement contact avec mes rêves de gosse et avec les buts que je m'étais fixés à cette lointaine époque où j'avais découvert ma vocation en lisant les BD de Mœbius. C'était comme si tout ce qui était vraiment précieux pour moi dans le passé avait été soigneusement rangé dans le coffre à bagages de ma machine, qu'elle avait disparu à l'époque, et m'avait livré le tout, intact, préservé des galères que j'avais dû supporter entretemps et auxquelles mes espoirs auraient difficilement résisté, à un rendez-vous fixé très précisément dix ans plus tard, jour pour jour...


Peut-être bien que cette machine représentait tellement la quintessence de mes espoirs, que je m'étais conditionné mentalement pour les préserver jusqu'au moment où j'aurai la chance de pouvoir les réaliser, mais peut-être bien aussi qu'il y a vraiment de la magie dans cette vie... Licorne ...même si l'on s'obstine à ne voir dans ce genre de choses que des coïncidences qui peuvent toujours être interprêtées d'une façon plus ou moins poétique.


Perle Je n'ai pas de réponse toute faite sur ce sujet.
Non pas que je sois superstitieux ou rationaliste intégriste...
C'est juste que je n'aime pas les réponses toutes faites...


Mais d'une manière ou d'une autre, je peux affirmer que ma machine à voyager dans le temps (je parle bien sûr de la version "interne", pas de la maquette en plastique) a bel et bien fonctionné !

Il paraîtra sans doute un peu loufoque que je raconte dans cette page, qui est en principe consacrée à quelqu'un d'autre, un bout de ma propre histoire, mais je trouve justement que c'est une histoire "à la Mœbius", dont l'idée de départ repose sur la nécessité de rendre visible quelque chose qui semble, a priori, inimaginable. Banzaï! Or c'est ce talent-là que Mœbius a su développer, et c'est la même ambition qu'il a fait naître en moi. Alors il m'a semblé que la meilleure façon de lui rendre hommage était de raconter comment et pourquoi, dans l'esprit de ce que j'ai appris en lisant ses BD, je trouve qu'il est si important de comprendre qu'imaginaire et réalité sont si étroitement liés...


Comme deux faces d'un même univers, qui finissent par se rejoindre, à la manière d'un ruban de Mœbius...

Photo Les images contenues dans cette page sont toutes © Jean Giraud / Mœbius, et reproduites avec son aimable autorisation.
Elles sont ici pour le plaisir de vos yeux.
Ayez la courtoisie de ne pas les récupérer pour un usage mercantile ni de les détourner de quelque façon que ce soit.
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